WATT
Quatuor de clarinettes
Concerts :
22/05/2017 - WIM (Zürich, Switzerland)
12/03/2107 - Instants Chavirés - Festival Sonic Protest (Montreuil, France)
14/01/2017 - La Chapelle Sainte Anne - Festival Écoute Voir (Tours, France)
28/07/2016 - Die Öffene Öhren (München, Deutschland)
11/04/2015 - Le DOC (Saint-Germain d’Ectot, France)
10/04/2015 - SonicProtest (Temple Protestant, Reims)
08/04/2015 - La Malterie (Lille, France)
16/03/2015 - Les3Frères (Paris)
06/10/2014 - Performing Art Forum (St Erme, France)
12/09/2014 - UmlautSerie/AtelierPolonceau (Paris)
28/06/2014 - FestivalEchos (LaFermeDuFaï, LeSaix)
26/06/2014 - FestivalExpérience(s) (Le Periscope, Lyon)
01/05/2014 - FestivalTriCollectif #2 (La Générale, Paris)
08/04/2014 - la Java (Paris 10e)
03/04/2014 - Festival PiedNu (le Havre, 76)
EuropeanWinterTour first LP Release :
02/03/2014 – Extrapool (Nijmegen, NLD)
01/03/2014 – In de Frigo (Gent, BE)
28/02/2014 – Studio Plasky (Bruxelles, BE)
27/02/2014 – M.I.B. (Bremen, DEU)
26/02/2014 – PlayingWithEels (Berlin, DEU)
25/02/2014 – Klangkunstprojekte (Leipzig, DEU)
24/02/2014 – Mo.ë (Wien, AUT)
23/02/2014 – Interpenetration (Graz, AUT)
22/02/2014 – Die Ohrring Boutique (München, DEU)
21/02/2014 – Malte's Atelier (München, DEU)
20/02/2014 - @PTT (Geneve, CH)
19/02/2014 – Les concert pas (trop) forts #24 Galerie Art&ssais (Saillans, FR)
18/02/2014 – la Kave de la Damocha (Clermont-Ferrand, FR)
17/02/2014 – Anthropo Asso (Perpignan, FR)
16/02/2014 – la Baignoire (Montpellier, FR)
15/02/2014 – La Maison Peinte (Labarthe-sur-Leze, FR)
14/02/2014 – les Potagers Natures (Bordeaux, FR)
13/02/2014 – la Chapelle St Anne (Tours, FR)
12/12/2013 - Ackenbush (Malakoff, 92)
28/09/2013 - Festiv'Aligre (Paris 12e)
08/09/2013 - la Bulzacienne (Bouzy-la-forêt, 45)
06/09/2013 - Casa Poblano (Montreuil, 93)
24/07/2013 - Jazz à Vannes (Vannes, 56)
16/04/2013 - Onze Heures Onze Festival, Studio de l'Ermitage (Paris 20e)
07/03/2013 - Atelier du Plateau (Paris 19e)
10/11/2012 - les 4 pentes (le Pré St-Gervais, 93)
14/06/2012 - w/Vacarme, espace M.Fleuret, CNSM (Paris 19e)
11/02/2012 - festival 59 Rivoli / Aftersquat (Paris 1er)
07/12/2011 - Naxos Bobine (Paris 11e)
20/11/2011 - Le Poulailler (Ivry, 94)
11/10/2011 - Amok Improv' - LMP (Paris 18e)
05/10/2011 - le Bab-Ilo (Paris 18e)
24/09/2011 - Atelier Thérèse (Bagnolet, 93)
01/07/2011 - Gallerie G (Paris 19e)
12/04/2011 - Amok Improv' - l'Olympic (Paris 18e)
Julien Pontvianne
Jean Dousteyssier
Antonin-Tri Hoang
Jean-Brice Godet
La source de la faible lumière répandue sur cette scène est inconnue.
D’autres particularités de ce paysage d’âme :
La température était douce.
Au-dessous de Watt le désert se soulevait et retombait.
Tout était silencieux.
Au-dessus de Watt le ciel retombait et se soulevait.
Watt était rivé sur place.
Samuel Beckett, Watt
CD - 77’06 - Becoq 12
LP - WATT - Autoprod
Télécharger le dossier de présentation : ICI
Chroniques :
Citizen Jazz - Franpi Sunship 15 mai 2015
« A la fureur laisse place l'immobilité apparente.
Ou du moins la sculpture opiniâtre du son jusque dans ces plus maigres oscillations, puisque l'on sait depuis les Minimalistes que les sensations de notes tenues, de décalage léger et le moindre effet de souffle prennent dans une masse sonore irréfragable une importance énorme.
Heureux sera celui, et votre hôte en est, qui saura suffisamment lâcher prise pour se laisser dompter par le son énorme de ces quatre clarinettes, unies en cercle dans une chapelle de l'Aisne pour en faire vibrer les vieilles pierres.
Clarinettes, clarinettes basses, chaque membre de la famille entre en résonnance dans une vague qu'il faut laisser vous submerger. On y flotte comme de l'éther, et le moindre souffle, la moindre vibration change absolument la perspective. Change l'atmosphère, qui se ride comme une flaque troublée par un gravier. Elle reprend ensuite sa forme, impavide.
On touche ici à une forme d'émotion spectrale, une sorte d'antithèse du cri qui produirait les mêmes effets.
Les quatre musiciens qui forment WATT sont quatre clarinettiste de la jeune génération hexagonale qu'on se dispute sur la scène jazz. Julien Pontvianne est membre du collectif Onze Heure Onze et du Aum Grand Ensemble. Il y retrouve Jean-Brice Godet qui joue également dans l'Anti-Rubber Brain Factory de Yoram Rosilio et dans le quartet alléchant qui réunit Joëlle Léandre et Mike Ladd.
Ces deux musiciens côtoient deux clarinettistes qui ont fait les belles heures des récents ONJ, celui de Daniel Yvinec (Antonin-Tri Hoang, par ailleurs comparse régulier des aventures d'Eve Risser) et celui actuel d'Olivier Benoit (Jean Dousteyssier, par ailleurs membre de Pan-G).
Il ne faudra pas essayer de dire un mot sur la performance de chacun, WATT ne fait qu'un, c'est une entité, organiquement liée de quatre souffle qui tendent vers une osmose pleine d'oscillation. Le titre de l'album ne donne pas non plus d'indication particulière. 77'06, c'est le temps du morceau. Le temps de l'expérience. Le temps d'un disque aussi, puisque ce sont également les limites de la contenance qui sont testées.
Mais il y a plus que cette performance, il y a cette beauté qui naît de la stridence, l'espace que prend la moindre éraflure, le moindre geste qui érode une unité qui semble pourtant impossible à dénouer. Le silence même prend des allures de cathédrale. Il suffit de se laisser porter, c'est ce à quoi nous invite WATT.
On pourrait penser que le titre vient du flux énergétique de l'électricité, et de ses oscillations auquel cette musique fait irrésistiblement penser. Il n'en est rien, même si l'on peut penser que le double-sens n'est pas étranger. Si rien n'indique autre chose sur un disque qui fera également penser à une galette de musique électronique, le site de Julien Pontvianne nous oriente vers Samuel Beckett et son délicieux livre du même nom.
Explorer les limites du langage, de son signifié même, ainsi que la construction méthodique du déraisonnable dans le cercle et le cycle... C'est vrai qu'il y a entre les deux oeuvres quelques ponts jetés. Un disque à conseiller vivement à ceux qui sont prêt à se laisser porter.
La beauté se cache dans les détails. »
Mediapart - Jean-Jacques Birgé 26 juin 2015
Vibrer des Watt, pister Gayffier
Des fourmis chatouillent le bout de mes doigts. Je sens les os de mon crâne entrer en vibration avec les anches des clarinettes. Ma tête penche inexorablement à droite. J'ouvre les yeux. Les spectateurs les ont presque tous fermés. Les musiciens aussi. Tous perdent la notion du temps. Nous sommes sur un nuage. Le drone produit une ample et lente respiration. La concentration détend les muscles, elle ouvre les chakras. La nuit tombe sur la Bibliothèque Sigmund Freud dont ce sont les derniers instants avant le déménagement de la Société Psychanalytique de Paris dans le treizième arrondissement. Sous les toiles de Marie-Christine Gayffier réalisées en accord avec le lieu, le quatuor Watt vibre comme un seul corps, à moins que ce ne soit pour tous les corps. Leurs souffles continus semblent aspirer l'univers. La fin de la pièce sonnera comme un trou noir. Mais d'ici là Julien Pontvianne, Antonin-Tri Hoang, Jean Dousteyssier, Jean-Brice Godet sentent leurs lèvres tendues, ils pensent à leurs doigts crispés sur les clefs, ils gonflent leurs joues, inspirent par le nez, ou bien ils ne pensent plus à rien. Une seule note. La note seule. Seule la note. Si le sommeil peut gagner des spectateurs, il arrive qu'un musicien s'endorme sur la coda. D'autres se laissent aller à la rêverie, d'autres encore seront récupérés plus tard. On a le temps pour soi.
Après leur premier album en vinyle, le quatuor de clarinettes, dont Hoang et Godet doublent à la clarinette basse, a couché sur un CD la pièce que nous écoutons. Nous perdons l'acoustique, mais nous pouvons emporter à la maison la musique ornée d'une superbe sérigraphie de 38Fillette. En sortant, la lumière de la vitrine éclaire une installation de Marie-Christine Gayffier, Je remballe ma bibliothèque. Ses autres tableaux saisissent des éléments clefs de la vie ou de l'œuvre de Freud. Au sol elle a inscrit les repères alphabétiques de l'organisation livresque. Devant nos yeux des mots raisonnent à nos oreilles comme une série d'énigmes dont chacune et chacun ne possède qu'un bout de la résolution. À l'image de Watt, il faut l'ensemble pour percevoir l'unité. Si l'inconscient est construit comme un langage, le corps exprime ses contradictions et ses paradoxes. Nous sortons régénérés de l'expérience.
Mozaic-jazz 04 mai 2015
Le quatuor de clarinettes Watt tire son nom du second ouvrage de Samuel Beckett, et s’inspire pour partie dans sa conception de la forme narrative des caractéristiques de l’écrit du britannique. L’unique morceau qui compose ce disque, dont le titre est la durée (soixante dix-sept minutes et six secondes) est elliptique. Les clarinettistes ne phrasent pas, il n’y a pas de rythme. Ce morceau est joué dans un long souffle continu et c’est à l’intérieur du son que les choses se déroulent, comme les phrases de Beckett, dans ce récit allusif et désorientant, dévoilent leur sens par la répétition de mots qui ne le servent pas directement.
Ainsi utilisées, les clarinettes entrent en résonnance, et c’est le résultat de la rencontre des sonorités qui constitue la matière musicale de ce disque. Les harmoniques sifflantes colorent les timbres, les vibrations telluriques se mêlent aux souffles, les notes se fondent et génèrent des ondes qui sont à l’origine d’un vibrato naturel. C’est au cœur du son que se déroule ce théâtre des petites choses. Cette musique m’évoque le travail d’Yves Klein sur ses monochromes, et la manière dont leur uniformité invite à la lente exploration des reliefs de la toile tout en éveillant l’imaginaire. A ceci près que la teinte évolue Il y a au long de cette longue plongée sonique bien des évènements, qui brouillent la netteté de la ligne centrale. Les quatre musiciens, qui ordinairement profitent des libertés que leur offre la musique, sont pour une fois ses libérateurs. A elle de trouver sa voie, entre les gestes lents et les phénomènes physiques. Les clarinettistes, l’aident à tourner, à se faire, se polir, trouver des issues. Ils favorisent ses subtils mouvements, créent une pièce atypique et envoûtante. Cela se passe sur le Label Becoq, dont nous reparlerons prochainement puisqu’y sont parus quelques petits bijoux qui sont, comme on dit, « à l’aise sur la platine »…
Des Cendres à La Cave - 16 juillet 2015
Soit précisément la durée de l’unique pièce où se mêlent et se toisent quatre clarinettes. Cactus Truck était explosif, tendu dans sa dynamique, Watt explore quant à lui les dédales du mouvement immobile. Long, ténu, introverti, s’est en tendant l’oreille que l’on discerne les variations et celles-ci ont tôt fait de nous enfermer dans leur filet. Car Watt se révèle sacrément hypnotique, dès l’ébauche du souffle jusqu’à sa toute fin. Le drone se densifie, s’épaissit, se dilate, s’égoutte et se dilue sans qu’à aucun moment il ne relâche ses doigts autour de notre cou. On aurait donné beaucoup pour être présent en octobre dans la chapelle du Performing Arts Forum de Saint Erme et savoir qui de Julien Pontvianne, Jean-Brice Godet, Antoni-Tri Hoang ou Jean Dousteyssier intervient ou se retient, quel langage ils échangent quand la bouche et les mains sont accaparés par l’instrument. Car c’est bien cela qui frappe en premier lieu, ils sont quatre mais sonnent comme un seul et lorsqu’on détaille les soixante-dix-sept minutes, les micro-accidents sautent au visage et les interventions de chacun se font décisives. Ce n’est pas un long fleuve tranquille et l’unité n’est que de surface, tout se joue en-dessous. Il faut sacrément bien se connaître pour donner vie à un morceau comme celui-ci, pour que les détails prennent corps sans jamais nuire à l’ossature principale, pour que le mouvement naisse de l’immobilité. Se réclamant de Beckett à qui le quatuor emprunte son nom, Watt invite à s’interroger sur la constitution de son souffle comme l’écrivain s’interrogeait sur l’impact de ses mots. La substance n’est jamais là où on l’attend. Magnétique.