Jean- Brice Godet 4tet
MUJÔ
"There is no such thing as perfect phrase. In the same way, you see, that perfect despair does not exist"
H.Murakami
Jean-Brice Godet : Clarinets/Composition
Michaël Attias : AltoSaxophone
Pascal Niggenkemper : DoubleBass
Carlo Costa : Drums
Past Events
2012
April :
20 GoodByeBlueMonday (Brooklyn)
23 DowntownMusicGallery (NYC)
23 ABCNoRio (NewYork)
24 VaudevillePark (Brooklyn)
25-26 RecordingsSession (Brooklyn)
25 SycamoreBar (Brooklyn)
November :
18 LaMiroiterie (Paris)
21 L’AtelierDuPlateau (Paris)
22 Le3Pièces (Rouen)
2013
June
25 I-Beam (Brooklyn)
2014
May
7 GoodByeBlueMonday (Bkln)
8 I-Beam (Bkln)
Created in April 2012 in Brooklyn.
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Pierre Tenne - 10 juin 2016
http://www.djamlarevue.com/blog/2016/6/10/jean-brice-godet-quartet-muj
Premier album qui impressionne pour le quartet du clarinettiste Jean-Brice Godet, sur le catalogue du label FouRecords de Jean-Marc Foussat ! Explorant l'abstraction et le silence dans une évidence sensible et décomplexée, Mujô s'inspire de la spiritualité japonaise pour une musique audacieuse et belle à découvrir!
Et ça commence sur une danse, tourbillon d'ostinato et d'envoûtement qui trouve à l'instant une place pour Michaël Attias (alto) dans ma mémoire et mon petit cœur. « Takanakuy (Dance, Danse, Tanz) », c'est magnifique et ça mène loin sur un motif d'une simplicité confondante, libération d'espaces magistralement envahis par les solistes occupés d'arpèges modaux et de cris, quand la section s'intéresse obstinément à la métronomie et au groove. Sur cette lancée plus in que out, Mujô surprend en se dévoilant comme suite fidèle au titre de l'album, référence au concept nippon d'impermanence et inspirée d'une citation de Murakami1 : l'exploration erratique du quartet le mène vers un éclatement du propos proprement hallucinant lorsqu'on le compare à la cohérence d'une musicalité réelle, passionnée de silences sous toutes ses formes – surtout les plus libres.
L'album convoque l'auditeur vers une multiplicité d'univers qui n'étonnent guère sur le label de Jean-Marc Foussat : abstraction, minimalisme et bruitisme (« Mujô » et « La voix des cendres » notamment) ; néo-post-para-anti-proto-archéo-jazz-bop-cool-free sur certaines séquences (l'introductif « Tanakuy (Dance, Danse, Tanz) » ainsi que le conclusif « lange beim Regen werd'ich Dein ») qui séduiront le public le plus large dans ses réminiscences d'avant-garde des années 60 ; lyrisme langoureux couplé à un relâchement harmonique à la bien (« Ballade Suspendue »), tant de choses ma foi qu'on se dit que Jean-Brice Godet compose très bien puisque c'est lui qui fait tout et que ça sonne toujours juste. Oui da. Yes. Mujô, pas papy.
Ces compositions permettent surtout de découvrir des musiciens plus ou moins pas assez connus mais qui méritent largement – on ne se répète jamais assez – d'être plus ou moins plus connus : Jean-Brice Godet aux clarinettes, déjà remarqué par monts et par vaux, mais aussi l'impressionnant Michaël Attias qui peut allègrement scotcher des culs à sa note bleue aussi bien dans l'hubris free (le solo sur « Eloge de la chute ») que dans un lyrisme melliflu et profond qui sait dans l'ensemble éviter les écueils du consensuel. La section, parlons-en : dans l'ensemble discrets, Pascal Niggenkemper (contrebasse) et Carlo Costa (batterie) perfectionnent la fondation de ce quartet audacieux par un certains sens du mouvement perpétuel dans les lignes de basse et les effleurements de cymbales, et convainquent lorsqu'ils passent sur le devant de la scène qu'on a fort envie d'en entendre plus.
En un mot de journaliste, un album à découvrir. Quatre mots du coup, flûte... Un mot : motherfucker ! Exquis. Dans l'évidente simplicité d'une musique qui se fait souvent profonde, des musiciens qui touchent au plus juste – quoique les auditeurs à qui les mots free, musiques improvisées, drone, etc. provoquent autant de dégoût et de mépris qu'un zadiste en goguette perdu dans un meeting de Jean-François Copé devraient sans doute passer à côté et c'est comme toujours dommage. Franchement. Parce que ce quartet et cette musique font du bien, et que sur galette ça a le bon goût d'être permanent. Mujô, quoi !
Jean-Brice Godet Quartet, Mujô, FouRecords, 2016
N.B.: le copyright sur le terme de néo-post-para-anti-proto-archéo-jazz-bop-cool-free est désormais déposé et appartient à l'auteur dans sa volonté de participer à l'entreprise collective propre au discours sur l'art en général.
1Dans Ecoute le chant du vent : « Il n'existe pas de phrase parfaite. De la même façon, vois-tu, qu'il n'existe pas de désespoir parfait. »
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Philppe Carles - Jazz Magazine - Juin 2016
« Révélation ! »
Polyphonie, précisément tétraphonie, qui au gré de sept thèmes-événements démontre et illustre l’impermanence universelle inhérente au bouddhisme zen. D’où le nom du groupe et le titre qui donne celui de l’album, notion indissociable de cette philosophie nipponne qui, si l’on en croit la presse occidentale, permet d’accepter impassiblement séisme, tsunami, et autres péripéties naturelles, bref cet imprévu qui , je le répète, est la seule certitude. Pas étonnant, dès lors, que cette formation franco-italienne-germano-israélo-étatssunienne déploie avec une furieuse rigueur (entre composition et improvisation jusqu’à des épisodes free) un éventail de lyrismes exquisément imprégnés de finesse mélodique. Et là, on n’échappe pas à la métaphore de l’archer zen. D’où un équilibre quasi onirique entre les infiltrations ou éruptions paroxystiques de La voix des cendres et l’irrésistibilité de la danse-combat rituelle Takanakuy qui, scandée (contrechantée) par la clarinette basse de Jean-Brice Godet et fluidifiée par le sax de Michaël Attias, inaugure un débat et des séries de dialogues. Autant dire que cet autre « pianolessquartet » ouvre d’inéspérés espaces dans la mesure ou, plutôt qu’un « all stars », il fonctionne et s’impose somme un littéral art ensemble, jusqu’à un Éloge de la chute et donc de l’accident qu’il y a à vivre.
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par Nicolas Dourlhès // Publié le 15 mai 2016
http://www.citizenjazz.com/Jean-Brice-Godet-Quartet.html
« Élu Citizen Jazz »
Féru de musiques improvisées et praticien patenté (on se rappelle sa participation au brutal Cuir, déjà sur Fou Records), Jean-Brice Godet a reçu les enseignements de Fred Frith et collabore avec Joëlle Léandre (on le retrouve d’ailleurs au sein de son tentet). Membre et leader de plusieurs formations qui participent de ces esthétiques, c’est pourtant avec un jazz qui rappelle l’esprit avant-gardiste des années 60 qu’il revient aujourd’hui. Enregistré à Brooklyn, accompagné de musiciens aux nationalités cosmopolites (Italie, Allemagne et Israël) mais vivant aux Etats-Unis, ce quartet honore les racines de cette musique sur ses terres natales sans pour autant tomber dans la sclérose.
Dès l’ouverture, en effet, le saxophone de Michaël Attias, soutenu par la clarinette obstinée du leader, évoque en quelques phrases d’une grande douceur le Coltrane du début sixties par un chant modal langoureusement plaintif, tandis que les grands intervalles de Godet, résolus en phrases complexes mais néanmoins lisibles, font bien souvent songer à Eric Dolphy (notamment sur “La Voix des Cendres”). Rappelant, en effet, cette époque où les dynamiques de jeu permettaient d’ouvrir des mondes où tous les possibles étaient envisagés, les deux soufflants travaillent l’espace de cris soudains aussi saisissants que parfaitement assumés avant de retourner à des climats plus diffus proches du silence.
Car Mujô ne se contente pas d’un hommage ; jouer de l’attente induit chez lui de nouvelles énergies. Il séduit, en effet, par son rapport sensuel au temps (lire les éclairantes notes de pochette) dont il s’empare au point de s’en faire un allié. Tour à tour, capables de déclencher des tumultes collectifs (la basse constamment en mouvement de Pascal Niggenkemper y excelle) suivis de moments minimalistes et suggestifs circonscrits par les liserés des cymbales de Carlo Costa, ces quatre musiciens valorisent la circulation de la musique (il n’y a qu’à écouter les passages de relais du saxophone à la clarinette). Que ce soit dans la « Ballade suspendue » qui évite tout effet de « tristesse » ou dans quelques thèmes plus inquiétants (« Werde ich Dir einmal begegnen ? »), ils refusent toute pression et toute pose au bénéfice d’une souple décontraction. Beaucoup de douceur ressort, au final, de ce disque où même les passages tendus ou abstraits se dessinent toujours avec une grande clarté.
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Thierry Giard - La pile de disque
http://www.culturejazz.fr/spip.php?article2932
« Chaque piste de ce disque est pensée comme la construction d’un flux musical à quatre, une rivière de son qui se modifie en permanence, où la forme s’établit d’elle-même, dans et par l’interaction avant tout » explique Jean-Brice Godet. Un remarquable travail de groupe où le leader se fond totalement dans le collectif pour créer une musique vivante et captivante, mélodique et libre. Encore une très belle réalisation du label Fou Records.
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Claude Loxhay
http://www.jazzhalo.be/reviews/cd-reviews/j/jean-brice-godet-quartet-muj%C3%B4/
Fou Records, le label de Jean-Marc Foussat, ne propose pas que des disques de musique électronique: pour preuve cet album du quartet de Jean-Brice Godet, en compagnie de l'Américain Michaël Attias, saxophoniste alto que les jazzfans belges viennent de découvrir en compagnie du Lab Trio (album The howls are not what they seem).
Jean-Brice Godet a commencé à étudier la clarinette au Conservatoire de Colombes avant de rejoindre celui de Gennevilliers. S'il collabore régulièrement avec le percussionniste Pablo Cueco, il a eu l'opportunité aussi de jouer avec Anthony Braxton à Brooklyn, où il a fondé, en 2012, le quartet Mujô, en référence à ce concept japonais d'instabilité des choses, l'équivalent du "Tout s'écoule, rien ne reste" des Grecs. Il codirige également deux trios européens: Zaal 33 avec le guitariste Richard Comte et Capsule avec Matthew Bourne, le pianiste anglais qui a collaboré avec Trio Grande à deux reprises (albums WERF).
Au sein de Mujô, on retrouve Michaël Attias, saxophoniste alto de New York qui a fondé le trio Renku avec le contrebassiste John Hebert et le quartet Spun Tree avec le trompettiste Ralph Alessi; Pascal Niggenkemper contrebassiste franco-allemand qui a étudié à la Manhattan School of Music et a fondé le trio Baloni, avec notre compatriote Joachim Badenhorst mais aussi Carlo Costa, batteur et percussionniste né à Rome qui a étudié au Berklee College of Music et se partage entre New York et l'Europe, jouant avec le tromboniste Steve Swell ou le trompettiste Joe Moffett.
Au répertoire de Mujô, sept compositions originales du leader qui laissent une large place à l'improvisation et proposent de belles alliances sonores entre saxophone alto et clarinette (Mujô, Ballade suspendue, Werde ich Dir einmal begegnen) ou entre alto et clarinette basse à la beauté ombrageuse (Takanakuy, Eloge de la chute). La complémentarité entre Godet et Attias est parfaite: sur le thème dansant de Takanakuy, la clarinette basse joue en contrechant du saxophone, pour exposer ensuite un thème obsessionnel à l'unison puis développer un impressionnant solo. Les thèmes laissent aussi une large place à Niggenkemper: jeu à l'archet sur Werde ich Dir einmal begegnen, belle et longue intro en pizzicato sur Ballade suspendue. Les tempos sont variés: envolée free sur La voix des cendres et rythme plus apaisé Lange beim Regen werd'ich Dein.
Enregistré à Brooklyn et mixé à Rouen, l'album présente une belle collaboration entre musiciens européens et américain.
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Jean-Michel Van Schouwburg
http://orynx-improvandsounds.blogspot.fr/2016/04/stefan-keune-paul-lovens-philipp.html
Clarinette et clarinette basse pour Jean – Brice Godet, sax alto pour Michaël Attias, contrebasse pour Pascal Niggenkemper batterie pour Carlo Costa. FOU records, administré et animé par un vrai FOU des musiques improvisées, Jean Marc Foussat, a publié déjà de belles surprises dans des registres variés. Ce quartet dirigé par Jean – Brice Godet et enregistré à Brooklyn pourrait être qualifié de (jazz) West Coast contemporain, la nostalgie en moins et avec des modes originaux . Les sept compositions sont de Godet. Takanakuy (Dance Danse Tanz) révèle un swing sautillant où excelle le sens mélodique et le timbre de la clarinette basse. Les titres Ballade suspendue, Eloge de la chute suggèrent les idées musicales développées par le quartet. On trouve pêle-mêle un thème giuffrien joués à l’unisson (Werde Ich), quelques errances free fugaces, des beaux développements du rythme, une réelle entente et une écriture soignée vecteur d’une belle sensibilité (sans tarabiscotages). Il se paient le luxe de faire dériver la construction d’un thème vers le son libéré en conservant l’esprit de la composition. Mujô est un moment sensible introduit très librement avant le superbe thème dodécaphonique joué avec la plus belle connivence sur une rythmique binaire et dont on remarquera les improvisations logiquement subtiles des souffleurs. C’est un disque de jazz (free ??) comme on les aime. Bertrand Gastaut a publié récemment un magnifique John Carter – Bobby Bradford sur son label Dark Tree, NO Uturn. Voici un bel enregistrement qu’on écoutera à la file après ce dernier piur se détendre avec délectation
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John Sharpe
https://www.allaboutjazz.com/mujo-jean-brice-godet-fou-records-review-by-john-sharpe.php
Young French reedman Jean-Brice Godet enlists a seasoned cast for his debut leadership album, recruited during one of his frequent visits to NYC. Downtown stalwart Michael Attias completes the two horn front line, while bassist Pascal Niggenkemper and drummer Carlo Costa man the engine room. Godet works regularly with celebrated bassist Joelle Leandre, appearing on Can You Hear Me (Ayler, 2016) by her tentet, and has also performed in the past with the likes of Anthony Braxton and Fred Frith. From a program of seven original cuts recorded in 2013 and 2014, Godet creates a diverse and sometimes exploratory set.
Attias brings his keen musical intelligence on alto saxophone, incisive but betraying a melodic bent which isn't always so obvious on his own discs. In fact on this showing Godet on clarinet and bass clarinet comes across as the more abstract and timbrally audacious. Costa imparts a clanking momentum in which he simultaneously avoids repetition yet still maintains a pulse, ably abetted by Niggenkemper. With bow in hand, the bassist comes into his own, stepping forward to shade and supplement the reeds.
Godet's varied compositions typically involve the two reeds either in unison or braiding symbiosis. A songlike core resides at the heart of themes such as the opening "Takanankuy (Dance, Danse, Tanz)" anchored by a buoyant riff, first held down by Godet's bass clarinet while Attias propounds the melody and subsequent variations, before swapping roles. Although "Eloge de la chute" begins differently with more freeform interaction, it too settles around a lyrical center, this time evoking a soundtrack to a 1950s Parisian movie, though punctured by more pugnacious outbursts from the woodwinds and drums.
On pieces where Costa concentrates on pitch and coloration, a chamber feel predominates as the reeds interweave with Niggenkemper's arco, drifting and airy on "Werde ich Dir einmal begegen?" but more conversational and ultimately emphatic on the concluding "lange beim Regen werd'ich Dein." "La voix des cendres" constitutes the most extreme cut, built around a carefully marshaled sequence of long tones and silences, in which multiphonics vie with reverberating bass abrasions, and the occasional piercing shriek, and provides an indication that a broader range of expression lies well within this outfit's grasp.
Track Listing: Takanankuy (Dance, Danse, Tanz); Werde ich Dir einmal begegen?; Mujo; Ballade suspendue; Eloge de la chute; La voix des cendres; lange beim Regen werd'ich Dein.
Personnel: Jean-Brice Godet: clarinet; bass clarinet; Michaël Attias: alto saxophone; Pascal Niggenkemper: double bass; Carlo Costa: drums.
Reviews :